L'association des Skieurs de la Haute-Meurthe (SHM) a été crée en 1908 lorsque les Vosgiens venaient découvrir un sport nouvellement introduit en France par les Norvégiens : le ski. A l’époque, on prononçait le mot à la nordique : chi... ». L’association, première de ski vosgienne et une des premières françaises, se mit immédiatement au travail pour aménager son premier refuge au Tanet, dans un pavillon de chasse cédé par le compte William de Bazelaire de Lesseux.
Une soixantaine de membres composaient alors l’association, tous des notables issus de la bourgeoisie et de l’armée. Il y avait là des industriels, des notaires, des officiers de garnison, notamment de la région de Saint-Dié. Pour payer la cotisation, il fallait débourser 6 F or soit 3 741 €, somme actualisée, ce qui n’était pas à la portée de tout le monde.
En 1919, ce chalet, détruit par les combats de la Grande Guerre, a été reconstruit et les activités ont repris. En ce temps, les skieurs se faisaient conduire en taxi jusqu’au Rudlin près de Plainfaing et de là, allaient au Tanet ou à la Schlucht... à ski ou à pied ...
On arrive ainsi en 1933, année de l’élection de Maître Mehl qui, après MM. Brion et Villaume, allait présider aux destinées de l’association jusqu’en 1960. Une année plus tard, c’est l’apogée : l’association compte pas moins de 400 membres : Déodatiens pour la plupart (c’est ainsi que l’on nomme les habitants de St-Dié), mais aussi de Lunéville, Bacarrat, Raon- l’Etape et Senones.
En 1937, l’association aménage le refuge du Lac Blanc. C’est la grande époque des SHM puisqu’on peut acheter à la gare de l’Est un billet Paris – Lac Blanc ! Le transport se fait bien évidemment en train jusqu’à Strasbourg et on arrive au chalet à bord de la voiture à chenilles de Monsieur Charton, remarquable véhicule derrière lequel les skieurs se font remorquer pour grimper sur les hauteurs.
En 1939-45, les chalets du Lac Blanc et du Tanet sont détruits. La reprise en 1945 est donc difficile. Et ce n’est qu’en 1954, avec la mise en chantier du chalet actuel au « Pâquis des Hautes Fées », au pied du Hohneck, et tout près de la source de la Haute-Meurthe, que cette mauvaise période prend fin.
Ils sont quelques-uns à se souvenir...Ils s’appellent Louis Mandray, Pierre Caël, Régis Epitalbra... Pas des tout débuts en 1908, bien sûr, ils sont bien trop jeunes. Ils racontent la construction du chalet dans les années 1955/56, la source de l’autre côté de la route qui servait à fabriquer le ciment et qui alimente actuellement le chalet en eau potable. L’électricité n’a été installée qu’en 1979 : par dérogation spéciale, elle a pu être prise sur un poteau électrique le long de la route.
Ils racontent aussi leurs descentes à Metzeral puis les remontées en bus. Et lorsqu’il y avait trop de neige, ils remontaient à pied ou bien ils poussaient le bus.
Malheureusement en 1980, ils n’étaient plus que quelques rares membres à payer la cotisation. L’esprit des initiateurs n’était plus d’actualité ; la route s’était ouverte, les Déodatiens ne trouvaient plus d’intérêt à venir. Ce sont alors les Lorrains et les Alsaciens, venus de plus loin qui s’intéressèrent à la localisation du chalet qui, par bonheur avait été construit tout près du terminus des remontées mécaniques de la Bresse.
Cette même année, Régis Epitalbra s'attelle à la lourde tâche de faire revivre la SHM. Il s’entoure d’une équipe dirigeante particulièrement motivée et dynamique. Parmi eux, Charles Siegendaler, organisateur émérite, excelle dans l'animation de notre structure pendant les périodes estivales.
En 1997, Pierre Lobstein reprend les rennes de l’association. Elle compte actuellement 90 membres. Malheureusement, le produit des cotisations suffit à peine pour payer les diverses charges : foncière, habitation, séjours. Grâce à Danielle, son épouse, la mise à disposition du chalet aux non membres permet de dégager des fonds qui sont réinvestis dans le matériel nécessaire à l’entretien du bâtiment. Avec l’aide des membres bénévoles, Pierre et Danielle organisent deux fois par an des week-ends de travail pour maintenir les lieux en bon état et faire du refuge un endroit où il fait bon vivre.
Malgré, deux guerres, trois chalets détruits et deux toitures arrachées par la tempête, l’association compte bien continuer à favoriser le développement du ski et de la randonnée et offrir aux jeunes et aux moins jeunes toutes les facilités pour pratiquer ces sports en famille ou entre amis.
Sources : Narration de Philippe MONGEL
Témoignages de Pierre CAEL, Jean DEDENON, Danièle GERARD, Louis MANDRAY et Régis EPITALBRA
Rédaction : : Marie-Claude KREMSER - 2012